Marcel Ophuls & Jean-Luc
Godard :
La Rencontre de St-Gervais
Réalisé par Frédéric Choffat et
Vincent Lowy, Suisse, 2011
Mercredi 6 octobre, rendez vous à 19h30 à
Monplaisir (8e), au Village du Festival Lumière. Petit tour du Village, Radio
Lumière est « on air », auteurs et réalisateurs sont en pleine
discussions. Au salon du Festival se côtoient cameramen de France télévisions,
photographes de presse, journalistes, micros ou calepins à la main.
L’effervescence est de mise.
Ce soir là est diffusé la rencontre-débat entre
Jean-Luc Godard - réalisateur, scénariste et producteur Franco-Suisse, né en
décembre 1930 à Paris - et Marcel Ophuls - réalisateur de documentaires,
d’origine allemande né en novembre 1937. Ce débat a eu lieu au Théâtre St
Gervais en Suisse.
21h, à la Villa Lumière. Le co-réalisateur du
« document documentaire », Vincent Lowy est présent, il nous fait un
topo de ce qui va suivre. Ce documentaire a été filmé durant 3h lors de la
rencontre entre les deux réalisateurs en décembre 2009. Seules 45 minutes ont
été conservées.
Le sujet du débat : un projet datant
de 2002 proposé par Jean-Luc Godard sur la Palestine, et abandonné pour cause
de différents sur les méthodes. Manifestement, les deux réalisateurs ont
beaucoup de mal à s’entendre. Le début de la conversation est difficile. Ils ne
sont pas du tout dans le même registre. Ophuls est méfiant vis à vis de Godard.
On remarque une vraie amitié, et une double reconnaissance, cependant Godard
attaque en insistant sur le fait que le film d’Ophuls « Le Chagrin et la
Pitié », « est un film ignoble ». Ce documentaire
d’investigation, sorti en 1969 traite de l’occupation allemande et du régime de
Vichy de 1940 à 1944. En fait, Lowy nous apprendra que Godard est aveuglé par
l’histoire, lui qui a un rapport assez ambiguë avec le monde juif. Au fil de la
conversation, les points de vue
divergent, les piques, les tournures ironiques ou à doubles sens fusent.
Ophuls ne comprend pas l’intérêt de Godard pour les juifs, pour la
« race » juive. Ophuls est lui-même juif, cela ne signifie rien pour
lui, il ne s’est jamais senti à part, et il ne comprend pas pourquoi Godard
voudrait faire un film sur ce sujet. Ophuls est né en Allemagne, il quitte
Berlin en 1933, arrive en France, et la quitte en 1941, il s’installe en
Californie, Etats-Unis et obtient la nationalité américaine. Pour lui la
question de la race juive ne se pose pas, il refuse un projet de telle sorte.
En ce qui concerne Godard, la vie d’Ophuls le fait rêver, lui qui s’est fait virer
de chez lui pour avoir vendu des ouvrages appartenant à sa famille. Il se sent
rejeté.
Tout au long du documentaire, on comprend que Godard se questionne beaucoup,
sur lui-même, sur ce qu’il est, pas sur son métier, non sur sa personnalité même,
Ophuls, de par ses origines et son histoire le fascine. On sent que Godard
semble perdu. Son projet lui tient à cœur, ce qui n’est pas le cas d’Ophuls.
Après le visionnage du documentaire, Les questions que l’on peut se
poser sont les suivantes : De nos jours, que signifie le mot « race » ?
Est-on une personnalité ou une nationalité, une origine ? Ophuls essai de
l’expliquer à Godard, sans succès, pour lui, la nationalité ne compte pas, on
est ce que l’on est, peut importe d’où l’on vient.
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